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Confidentialité des salaires : Vers la fin d’un règne historique ?
Nous y sommes. Mars 2019 : les entreprises de plus de 1 000 salariés doivent obligatoirement publier à la fin du mois les indicateurs visant à mesurer les écarts de salaire femmes hommes. Dans un an, ce sont toutes les organisations de plus de 50 salariés qui devront se prêter à l’exercice. Et si ce premier pas ouvrait la voie à la fin d’un tabou bien français ?
Nul ne dira le contraire, il est aujourd’hui rare d’échanger librement sur sa rémunération. Certains s’autorisent ce partage d’informations dans le cercle privé (famille et amis proches), mais peu d’entre nous reconnaissent en parler sans filtre dans le monde professionnel. Et pourtant, cela ne veut pas dire que les salariés n’aimeraient pas en savoir davantage sur ce que perçoit leur voisin(e) d’open space !
La réalité terrain : frilosité ambiante
Si les Français sont réticents à dévoiler leur salaire, ils évoquent différentes raisons : jalousie ou manque de reconnaissance, gêne liée à un package plus attractif que celui du reste de l’équipe… Que l’on gagne plus ou moins que ses collègues, un malaise peut naître de la transparence. Et cela, notre culture l’a bien intégrée : les inégalités font grincer les dents !
Les millenials, plus ouverts d’esprit ?
La génération des « millenials » bouscule les codes établis. A l’image des entreprises américaines, nombre des 20-30 ans revendiquent la possibilité de pouvoir accéder aux rémunérations de leurs collègues. L’argument mis en avant : la fin des inégalités deviendrait inéluctable.
D’aucuns répondront qu’il s’agit d’une utopie ! En effet, un salaire représente la contrepartie d’un travail réalisé grâce à une expérience et des compétences propres à chaque individu. Chaque salarié est unique, chaque travail le serait aussi. Un libellé de fonction est loin de décrire le périmètre du travail d’un salarié, n‘évoquant pas son investissement personnel, etc.
La confidentialité, vice ou vertu ?
Si le phénomène de transparence venait à se généraliser, on peut légitimement s’inquiéter des conséquences que cela pourrait entraîner sur la politique salariale d’une entreprise. On imagine : les revendications de salaire en forme de surenchère. Serait-ce un progrès véritable ?
La réduction, si ce n’est la suppression, des inégalités salariales (notamment entre les femmes et les hommes) touche une corde sensible. Quid de la prise en compte de la situation personnelle du salarié ? Quelles informations devraient circuler en entreprise pour que chacun puisse apprécier ‘à sa juste valeur’ le montant d’un salaire ?
En réalité, la transparence des salaires renvoie à une problématique plus vaste : la frontière entre vie privée et vie publique. A l’heure où les autorités régulent le traitement des données personnelles, notamment en entreprise, ces problématiques méritent d’être débattues. Le plébiscite des nouveaux outils RH 100 % web, « facilitateurs du quotidien », tels que le coffre-fort numérique (bulletins de salaire, contrats de travail…) confirme que la transparence doit s’accompagner de garde-fous et de nécessaires régulateurs.